top of page

« Avancer » : des destins pris en main par Maria Pourchet

  • Photo du rédacteur: Oriane
    Oriane
  • 6 déc. 2024
  • 2 min de lecture

Dernière mise à jour : 2 avr.

Dans un style dépouillé et humoristique, Maria Pourchet dépeint une vie de famille non-ordinaire et fait virevolter les états d’âmes de son héroïne, Victoria. Avancer, c’est le premier roman de l’écrivaine de 32 ans, paru en 2012 aux éditions Gallimard.


Mettre le désordre, ce n’est pas exclusivement réservé aux adolescents. Si vous n’en n’êtes pas convaincus, laissez-nous vous parler de la fiction de Maria Pourchet. Tout semble à sa place pour Marie-Laure, alias Victoria. Même les deux prénoms qu’elle s’est attribuée, un ringard et un chic, sont en ordre. Depuis l’abandon de ses études, cette jeune femme n’est pas résolue à perdre son temps dans un travail sans intérêt. Convaincue qu’une « voie royale » l’attend, elle est disposée à étudier n'importe quelle offre du Destin. Marc-Ange, professeur de sociologie qui l’entretient, l’a accueillie dans son appartement parisien avec son fils surdoué de dix ans, le Petit. A travers des dialogues réalistes et des scènes plus ou moins drôles, les personnages cheminent et apprennent à se connaître eux-mêmes. L’autrice du roman nous convie à un discours ouvert sur la société. Des familles recomposées, des intellectuels prétentieux et précaires, des sans-abris impolis. Le roman ne se contente pas d’une seule figure désordonnée, mais jongle plutôt entre différentes caricatures désopilantes. En somme, pas de personnages lisses ! Certains déstabilisent également. Le Petit, par exemple, trouble la vie de sa famille. Émanent évidemment de cette lecture des réflexions d’ordre social : qu’attendre de son prochain ? Et comment avancer ?

 

Entre les deux SDF, le père et le fils Dupont que Victoria observe souvent depuis son balcon, et les amis bourgeois du sociologue, un contraste se forme nettement. Le trou du chantier dans lequel résident les deux sans-abris est une parfaite métaphore de la vie qui n’avance pas. Entre temps, on oscille entre des passages à la première personne, où Victoria s’exprime ouvertement, et d’autres à la troisième dans lesquels elle prend de la hauteur. En plus d’être original, le style est travaillé ; un vrai coup de maître de la part de la jeune autrice. Un conseil : ne vous prenez pas trop la tête avec les jeux de mots au premier ou au second degré. Vous aimerez sans doute mieux les allusions culturelles fines à la littérature ou la chanson. Dans ce roman d’environ 250 pages, Maria Pourchet nous livre un regard cynique et humoristique sur notre temps moderne. On est bien loin d’un ouvrage sans espoir ni issue favorable. Son écriture est salvatrice, autant dans l’approche naturelle qu’elle a du quotidien, que dans la vivacité de l’enchaînement de ses phrases. A la lecture, on se sent bien, peut-être mieux. On se sent concerné, et happé par le réalisme avec lequel l’autrice compose. Avancer, ce sont des mondes qui s’entrechoquent pour mieux se parler. Autant dire que Maria Pourchet prend très bien en main son rôle d’intermédiaire.



© Unsplash (illustration)

Comments


bottom of page